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Un duo inédit : Béart / Bonnaire

Le 30/06/1998

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Cinéma Français

L'été est morne. Les sorties françaises plutôt fades depuis mai...il faudra attendre fin août pour que les gros canons de la production hexagonale réaparaissent. Et notamment le nouvel Angelo.
En lisant par hasard, dans une librairie parisienne, quelques pages d’un livre signé Steinunn Sigurdardottir, une romancière islandaise, Yves Angelo décide de porter à l’écran Le voleur de vie. Jean-Louis Livi, producteur de son Colonel Chabert, l’encourage en lui confiant un budget confortable - et ce malgré le four financier deUn air si pur (97) - de 50 millions de francs. Ce qui motive ce réalisateur à se lancer dans l’aventure...

Un réalisateur à stars
Après les colères d’outre-tombe du Colonel Chabert et les réflexions amères de quelques tuberculeux pendant la guerre de 14 dans Un air si pur, l'ex chef-op' propose un sujet très particulier, et une fois de plus une adaptation casse-gueule. On pourrait constater des similitudes, à la lecture du scénario, avec ses deux films précédents - la présence de la mort dans la vie, le passé qui resurgit pour mieux parasiter et anéantir le futur - il faut tout de même noter des nouveautés dans la narration et la volonté de jouer avec le temps et les ellipses. Comme il jouait d'anachronismes avec son palais de la santé dans les Alpes.
Il connaît aussi précisément sa motivation à filmer cette histoire de femmes : "Il y avait dans ce livre un climat qui n’était pas conforme à une réalité traditionnelle, et je suis plus à l’aise dans ce genre d’univers un peu imaginaire. On parle mieux des êtres humains en les extrayant de la réalité. Ainsi, on peut aborder en toute liberté des thèmes incontournables. C’est en travaillant sur le scénario que, peu à peu, avec Nancy Huston [co-scénariste, écrivain canadien], nous nous sommes échappés du roman. Et ces deux femmes sont ainsi devenues symboliquement les racines d’une même personne. La meilleure manière de dire que nous sommes double, qu’à l’intérieur d’un même être cohabite le noir et blanc, une chose et son contraire."

Deux actrices de la même génération...
Sandrine Bonnaire, quant à elle, parle de sa relation avec Emmanuelle Béart sur le tournage du film et fait part de sa complicité. Et notamment par le geste très touchant d’Emmanuelle Béart en faveur des sans-papiers à l’église Saint-Bernard : "J’avais envie de lui dire écrire pour le lui dire. Je me sentais proche d’elle."
Emmanuelle Béart (cheveux courts) a eu également de l’admiration à l’égard de Sandrine Bonnaire. Elle l’a toujours dit et a été ravie qu’Yves Angelo suscite leur rencontre. L'une et l'autre sont à des moments importants de leur carrière. Béart a eu du mal à trouver des projets à la hauteur de ceux de Sautet. Et Bonnaire, depuis La Cérémonie de Chabrol, n'arrête pas de tourner. les deux, dans leurs vies personnelles, ont semble-t'il atteint un certain équilibre. Comme si l’une et l’autre avaient su mettre de côté tout ce qui pouvait déranger leur travail pour ne plus s’intéresser qu’à l’essentiel. Comme si l’une et l’autre, après avoir surmonté les tempêtes personnelles et professionnelles, les paparazzi et les flops, avaient décidé, chacune à leur manière, de profiter au maximum de leur trentaine pour se lancer dans des aventures encore plus audacieuses, encore plus exigeantes...

Qui est Le voleur de vie
Emmanuelle Béart adore expliquer les films, justifier ses rôles. Cela lui a valu parfois des critiques acerbes... Le Voleur de vie? "C’est le temps... on est tous pareils. On court toujours après le temps qui passe. D’ailleurs, ma fille, qui fêtait son anniversaire m’a dit : "Je voulais avoir cinq ans et maintenant que j’ai cinq ans, je ne veux plus..." On veut tous être plus grand et, en même temps, à chaque fois, on a l’impression de perdre un morceau de soi-même. Plus le temps passe et plus ça va vite..."
Pour le film le temps s'arrêtera le 9 septembre 1998, jour de sa sortie. Cela lui vaudra peut-être une sélection à Venise, Montréal ou Toronto.

http://www.ecrannoir.fr/actu/98/06/980630.htm

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