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Projection privée de L'équipier

Le 24/06/2004

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Steven Le Roy © Le Télégramme

Philippe Lioret, Emilie Dequenne, accompagnés de deux autres actrices (de droite à gauche) du film « l'Equipier » n'ont pas boudé leur plaisir en revenant à Ouessant sur les lieux mêmes du tournage pour une projection de leur oeuvre en avant-première. (Photo Eugène Le Droff)

 

« Bon cinéma, alors Jacqueline ». Dans la salle omnisports du bourg de Lampaul, à Ouessant, c'est un peu toute l'île qui s'est précipitée à cette avant-première si particulière, attendue avec hâte dans cette salle obscure de fortune. Mardi soir, en effet, Philippe Lioret venait montrer son « Equipier », film qu'il a tourné sur l'île. Alors, pensez donc... Emilie Dequenne, la sublime «Rosetta» des frères Dardenne, n'aurait manqué ça pour rien au monde. Celle qui avoue avoir quitté l'île à contrecoeur à la fin du tournage s'est fondue dans la salle, aux côtés de ceux qu'elle considère désormais comme «mes familiers». Pour découvrir avec eux cet «Equipier» qui avait tenu Ouessant en haleine pendant plus de six semaines, lors du tournage entre septembre et octobre. «On s'était fait la promesse que les Ouessantins seraient les premiers spectateurs à voir le film», avait prévenu le metteur en scène. Dehors, puis dedans En théorie, tout le monde aurait d'ailleurs dû le contempler en plein air, dans la cour de l'école Sainte-Anne, à la nuit tombée, avec pour seuls repères lumineux les phares du Créac'h et de la Jument. Hélas, les cieux et les vents en avaient décidé largement autrement et il a fallu se replier sur l'option «pluie» de la salle. Là, sur les coups de 22 h 30, mardi, plus de 400 Ouessantins attendent de pied ferme l'équipe de l'«Equipier». Il n'y a plus une chaise de libre. Philippe Lioret stresse, s'agite, excuse Grégori Dérangère, «il est mousquetaire en Tchéquie», Philippe Torreton, «il tourne Jaurès dans le sud, il voulait venir», et Sandrine Bonnaire «terriblement... enceinte». Le noir se fait, seul un croisillon des fenêtres du gymnase se reflète sur l'écran. Le film commence : «Il est tout chaud, j'étais dans le studio à 15 h cet après-midi» avait haleté le metteur en scène quelques instants avant, aux quatre cents coups. «Si, c'est bien» Les presque deux heures du film s'achèvent. Les applaudissements crépitent une première fois sur le mot fin, une seconde quand la lumière se fait. L'histoire simple de ce gardien de phare par hasard, affecté sur la Jument, partagé entre amour, amitié et âpreté des lieux, semble avoir plu. «Si, c'est bien», avouent des Ouessantines quittant la salle, «c'est mieux que ceux qui ont été faits avant et les acteurs sont épatants». La salle se vide, Philippe Lioret a repris le micro pour des questions à la cantonade. Mais personne ne dit rien, préférant venir tout près féliciter ou saluer l'équipe du film. «Y'a-t-il des gardiens de phare dans la salle ?», questionne encore le réalisateur. Personne ne répond, une dame se hasarde simplement à constater «que dans la vraie vie, ils étaient bien moins sales que ça». Globalement, l'accueil de l'île est bon, même si confusément Philippe Lioret doit bien sentir qu'il n'a pas tout à fait réussi son impossible pari : faire que les Ouessantins lui pardonnent les «libertés que j'ai prises avec le métier de gardien et la physionomie de l'île. Ce n'est pas un documentaire mais une oeuvre de fiction que vous allez voir». Une prévention que certains avaient peut-être escamotée en rentrant chez eux, dans l'hypnotique lueur de la lentille automatisée de la Jument.

«L'Equipier» sortira en salles le 3 novembre.
 

http://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=20040624&article=8235958&type=ar

Steven Le Roy © Le Télégramme